Pipe chien - Francis Jammes

Je vais vous présenter aujourd'hui une véritable pépite, un énorme coup de coeur pour un texte iconoclaste de Francis Jammes : "Pipe chien". La toute jeune maison d'édition "L'Eveilleur", fille du "Festin" à Bordeaux, s'est donné comme merveilleux projet de redonner vie à des textes méconnus et parfois oubliés. Avoir "Pipe chien" dans les mains, est un pur bonheur visuel, avec la couverture qui reprend le graphisme des affiches de cirque du début du XXème siècle, des reproductions d'articles de critiques de l'époque et de photos sépias.

Quatrième de couverture : "... C'est l"histoire d'un chien de cirque surnommé Pipe, lequel, lassé des traitements capricieux de son dompteur, décide de prendre la poudre d'escampette pour voir ailleurs si l'herbe y est plus verte. Au hasard de ses péregrinations canines ( et, avouons le, quelque peu désordonnées) qui le mèneront, depuis les rives de l'Adour, jusqu'à Bayonne ou Biarritz, Pipe, bon chien, va rencontrer et parfois s'attacher à des personnages comme lui, solitaires : un jeune poitrinaire, un voyageur mélomane, un riche exentrique, une pauvre mégère... Ils trouveront un compagnon au grand coeur ( et au grand appétit ) avec qui échanger. Car Pipe, malin et habile comme un singe, possède plus d'un tour dans son sac pour émerveiller son auditoire..."

Extrait : "Pipe était chien, mais il aurait pu être auteur, car il ne savait ni lire ni écrire, et il allait sur deux pattes, culotté d'une étoffe imprimée, à pois rouges, coiffé d'un haut-de-forme retenu par une mentonnière, sa queue , tordue de naissance, passant entre les basques à boutons d'or de son petit habit.

Pipe était le prolétaire sans prétentions, bâtard à coup sûr, d'une race qui dénotait la bonhomie de sa mère et qui paraissait incliner vers le "bouledogue ordinaire du boucher"..."

Mon commentaire : "Pipe chien" est préfacé d'une écriture enlevée et pétillante par Jacques Le Gall qui complète le volume avec une petite anthologie canine de Francis Jammes. J'ai pris un plaisir intense à lire ce petit bijou drôlatique, parfois caustique mais toujours avec en fond, une grande tendresse pour l'animal. Ce regard canin lui permet de raconter les travers humains d'une société typique des années folles, dans une station balnéaire chic, oscillant entre liberté de disette et douce servitude de ventre repu...

Belle lecture aux Dames de Bélus...