Les étrangères - Irina Teodorescu - Editions GAÏA

Je vais vous présenter aujourd'hui "Les étrangères"  d'Irina Teodorescu, publié chez Gaïa, magnifique maison d'édition landaise à Montfort-en-Chalosse. Irina Teodorescu sera présente aux Rencontres à lire 2016 à Dax. Voici comment l'éditeur présente l'histoire :

"Joséphine est une petite fille à la fois roumaine et française. Privilégiée, car elle peut circuler librement sous le régime communiste, mais rejetée, car elle est étrangère à Bucarest comme à Paris. Joséphine s'interroge : peut-on être amoureuse de sa professeure de violon ? Puis elle devient photographe, connaît le succès. Elle rencontre Nadia. Leur passion est brûlante, le Mur est tombé, le Palais du Peuple est de moins en moins gris. Mais l'amour bascule, aveugle, emporte tout. Nadia la louve, la danseuse, est un fleuve en colère. Elle s'exile à son tour, fuit Joséphine, cherche un lieu où s'apaiser. Peut-être Kalior, la ville orientale, la belle endormie. Trouver les épaules dorées sur lesquelles se réinventer, comme on s'invente des dieux auxquels se raccrocher."

Que pensais je trouver en ouvrant ce livre ? Sûrement pas cette étonnante histoire dans la grande histoire évènementielle de la Chute du Mur de Berlin à celle du dictateur roumain à peine suggérées... Car ce que vivent Nadja et Joséphine est hors de tout... Oui...Tout est amour pour Nadja et Joséphine, mais plus que tout, cet amour est gourmand ... Terriblement gourmand. L'une fige sur papier glacé la beauté de chaque instant pendant que l'autre expluse toute sa sève de vie dans la danse. L'une se nourrit de l'autre et réciproquement, entre Paris la libre et Bucarest la communiste, l'une et l'autre étrangères aux conventions mais tellement présentes à elles-même...Cette passion intellectuelle et charnelle extrèmement sensuelle et créatrice, est délicatement racontée comme pour souligner le caractère exceptionnel de cette relation...La force de leur amour est telle qu'il dépasse les frontières sociales et politiques. Elles se portent mutuellement dans leurs désirs qui nourrissent leurs créations... Mais peu à peu, la passion devient dévorante... Etouffante...annihilante...

J'ai adoré l'écriture parfois fluide, parfois hachée, selon l'intensité de la passion, effleurant le magique et le fantastique d'une manière si évidente... Très jolie et puissante allégorie sur le processus de création qui se nourrit de l'âme de l'artiste jusqu'à parfois le vampiriser.

Je ferme le livre...Mais il est définitivement en moi...

Belle lecture à tous...