La maison qui respire - Thomas Chancerelle

Je vais vous présenter aujourd'hui "La maison qui respire" de Thomas Chancerelle, publié chez l'Harmathan dans la collection "Noir". L'auteur a été bercé dès son plus jeune âge par les légendes de corsaires de ses ancêtres basques et par les mille vies qu'il traverse, il nourrit celle qu'il consacre à l'écriture.

Quatrième de couverture :Port Caben, petite station balnéaire posée sur la dune, semble sur le point de basculer vers la mer. Le fragile équilibre de cette ville de province rongée par les vagues, autrefois fréquentée par l'aristocratie et le show-business, va bientôt rompre sous le poids de souvenirs inavoués. Entre une vieille famille d'industriels fragilisée par la disparition mystérieuse de la jeune héritière trente ans auparavant, des barons locaux aux moeurs peu avouables, des surfeurs désenchantés, des élus vieillissants accrochés au pouvoir, Antoine, journaliste déchu fuyant la capitale, va mener une enquête interdite. Elle le conduira sur les traces d'une maison mystérieuse et mythique, ancien lieu de tous les excès et de tous les trafics, dont le destin hante la ville depuis que la jeune femme y a été vue pour la dernière fois…

Mon commentaire : Je viens de refermer ce livre avec plusieurs questions soulevées par l'auteur. Thomas Chancerelle utilise des sujets qui ont prouvé leur efficacité dans la thématique des romans contemporains. Son talent est d'avoir donné une double entrée à son texte. Il a des accents américains dans son roman à tiroir, avec la maison maudite, où le glauque frôle l'horreur à l'image de ces films américains des années '70.Mais très vite, cette approche révèle le vrai sujet qui est une critique acerbe et vitriolée de la micro-société des petites villes côtières où le temps s'arrête sur les lâchetés des élus et de ceux qui les ont portés au pouvoir. L'intrigue a comme fond temporel l'actualité des années 2010, traversées par les terribles attentats. Thomas Chancerelle nous propose une analyse caustique de notre société, baignée de téléréalité, et de saturation d'informations politiques et sociales.

Extrait : Le long de la voie ferrée trônaient des monticules de souches d'arbres formant des pyramides végétales, entassées là comme les derniers stigmates de la tempête de 2009. Nimbées de brume dans l'aube naissante de ce matin d'avril, elles ressemblaient à des fantômes, pris au piège dans l'entrelacs de branches, comme l'âme de la forêt en deuil. Jusque-là, les paysages avaient défilé sans laisser de trace dans l'esprit d'Antoine, mais la vision soudaine de ces volutes de brouillard prisonnières des racines mortes fit parcourir un imperceptible frisson le long de son épine dorsale.

Belle lecture à tous ...