Aucune bête - Marin Ledun

Je vais vous présenter aujourd'hui "Aucune bête" de Marin Ledun, publié chez In8, dans la collection Polaroid.

Quatrième de couverture : Vera, coureuse de 24 heures non-stop, se souvient de sa dernière compétition, de sa rhino-pharyngite et du médoc qu'elle avait pris, et qui contenait de l'éphédrine. Condamnée pour dopage, elle a dû ronger son frein hors du circuit pendant huit ans. Aujourd'hui, elle revient et sa rivale est toujours l'Espagnole Michèle Colnago. Mais cette année, Michèle a décidé de profiter de l'épreuve pour se débarrasser de la pression masculine. Une course à bout de souffle, oppressante, dont l'issue ne se joue pas forcément entre les athlètes.

Mon commentaire : J'ai retrouvé avec un très grand plaisir la plume des "Visages écrasés", "En douce" ou "Ils ont voulu nous civiliser". L'auteur sait particulièrement rendre une athmosphère lourde, oppressante, en forme de huis-clos, en s'appuyant sur un environnement ouvert, aux lignes d'horizon qui fuient sous le regard, et qui paradoxalement, contribue à la sensation de claustrophobie. Véra a un objectif, un seul, gagner la course, sous-tendu par autre chose de plus sombre et plus terrible qui émergera peu à peu au rythme des tours de piste et des pauses dans les vestiaires. Le talent de Marin Ledun est aussi dans l'analyse sans concession de l'âme humaine, ses renoncements, ses compromissions, dans le but bien dérisoire de gagner sur les autres au risque de se perdre définitivement. Ce qu'aucune bête ne ferait ...

Extrait : Le signal de départ retentit à 10h précises. Les coureurs du 24 heures s'élancèrent sur la ligne droite. Un soleil de plomb embrasait déjà le stade municipal. Avant midi, la piste en tartan serait une fournaise. Les hauts-parleurs crachaient les premières mesures de "We will rock you" du groupe Quenne, reprises à l'unisson par des mains et des pieds par dizaines de supporters ampassés derrière les barrières ou installés à l'ombre, sur les gradins. L'organisateur égrena au micro la liste des principaux prétendants au titre. Vera sentit son coeur s'emballer et frissonna de satisfaction lorsqu'elle entendit son nom. Le grand jour était enfin arrivé. Elle savait ce qui l'attendait. Elle était prête.

Belle lecture à tous ...