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Passion Lyre
12 août 2021

Le temps qu'il fait à Middenshot - Edgar Mittelhozer

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Je vais vous présenter aujourd'hui "Le temps qu'il fait à Middenshot" d'Edgar Mittelhozer, publié aux Editions du Typhon.  Voici ce que dit l'éditeur au sujet de l'auteur et en propose ainsi une clé de compréhension. "Né en Guyane britannique, l’actuelle Guyana, Edgar Mittelholzer (1909-1965) est un auteur métis. Découvert, après des années d’infortune, par Leonard Woolf, le mari de Virginia, Edgar Mittelholzer est le premier écrivain caribéen à avoir connu un succès en Europe. Mais rien n’apaise la haine de soi de celui qui se sent rejeté pour sa couleur de peau. De controverses en dépressions et face aux, déjà, prégnantes questions identitaires, il finit par se suicider en 1965."

Quatrième de couverture :

À Middenshot, quand le vent cesse enfin de hurler, c'est le tumulte intérieur qui prend le relai. Depuis son accident, quelque chose s'est brisé en Mr. Jarrow. Sa femme aimante et bien vivante, il s'est convaincu qu'elle était morte, alors il ne s'adresse à elle que lors de séances de spiritisme. Sa fille, en passe de devenir vieille fille, supporte toutes ses manies en se berçant d'illusions sur les intentions de son voisin : Mr. Holme. Et ce monde déjà bancal est menacé : un tueur fou rode à Middenshot. Pour lui échapper, il faudra aux personnages s'aventurer au-delà du bien et du mal.

Roman dément, Le temps qu'il fait à Middenshot est une comédie noire terrifiante. Enveloppé par le vent, le brouillard et la neige, le lecteur pétrifié et amusé se délecte d'un récit tout en tension posant une redoutable question : quel est notre rapport à la violence?

Mon commentaire : Je viens de tourner la dernière page d'un conte gothique horrifique ...et jouissif, véritable ovni littérairen oscillant entre un visuel à la Tim Burton et une athmosphère Hitchcokienne. L'auteur personnalise le temps en lui donnant le titre de chaque partie : le vent, le brouillard, la neige, comme un crescendo dans une intrigue hésitant entre cynisme et humour noir. J'aime ce style rythmé par les éléments tout en donnant l'impression d'une lenteur humide qui s'étire, au bord de la bascule tout au long de l'histoire, jusqu'au manteau de neige qui efface en silence les traces des horreurs humaines. C'est en fait un huis clos spatial et temporel qui exacerbe les névroses et qui laisse entrevoir, au travers d'échanges sarcastiques, les frontières troublées entre le bien et le mal, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale ( roman écrit en 1952 ). L'ambiguité est cultivée jusqu'aux derniers mots et traduit un désespoir sans fond qui met à mal les valeurs d'une société en pleine mutation par les questions soulevées : la peine de mort pour les assassins, l'extermination des malades mentaux à la naissance, l'euthanasie, l'eugénisme ...

Edgar Mittelhozer écrivait : Tout en nous observant d'un oeil ironique, nous devrions respecter ce qu'il y a d'humain en nous. Quand nous sommes au plus bas, nous possédons encore une dignité, une grandeur qu'aucune autre chose vivante ne saurait atteindre. Je pense qu'un romancier devrait rire de ses personnages et de lui-même, mais en y mettant une respectueuse sourdine.

Belle lecture à tous ...

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