Le passeur - Stéphanie Coste
Je vais vous présenter aujourd'hui le coup de coeur de Patricia, Sandra et Sophie de la Librairie Campus à Dax : "Le passeur" de Stéphanie Coste, publié chez Gallimard.
Quatrième de couverture : Quand on a fait, comme le dit Seyoum avec cynisme, "de l'espoir son fonds de commerce" , qu'on est devenu l'un des plus gros passeurs de la côte libyenne, et qu'on a le cerveau dévoré par le khat et l'alcool, est-on encore capable d'humanité ? C'est toute la question qui se pose lorsque arrive un énième convoi rempli de candidats désespérés à la traversée. Avec ce convoi particulier remonte soudain tout son passé : sa famille détruite par la dictature en Erythrée, l'embrigadement forcé dans le camp de Sawa, les scènes de torture, la fuite, l'emprisonnement, son amour perdu...
Voici ce qu'en dit Sandra : Un vrai coup de poing pour un premier roman qui, cette fois ci, est vu par le passeur et non le migrant ! Au fur et mesure de la lecture, sans que l'on si attende, de l'affection arrive pour ce personnange si cruel ... qui lui aussi, finalement, est une victime de tout ce système ...
Mon commentaire : Stéphanie Coste reprend en exergue cette phrase d'Ernest Hemingway : "Toutes les choses vraiment atroces démarrent dans l'innocence". Le Passeur raconte un chemin, croisement de plusieurs destinées dans une tragique intimité, celle qui dépose une vie dans les mains d'une autre, animée pour les uns d'un féroce espoir et pour d'autres, d'une souffrance sans possibilité de rédemption. L'auteur a une écriture qui explose, qui laisse assomé, nous conduisant exactement où elle veut nous mener : au plus profond de la folie des hommes. D'une tragédie contemporaine, Stéphanie Coste reprend en filigrane la notion de fatum et les possibles auxquels nous sommes confrontés à chaque croisée des chemins : Seymoun est notre part sombre d'humanité.
Extrait : Zouara, Libye, 15 octobre 2015
J'ai fait de l'espoir mon fonds de commerce. Tant qu'il y aura des désespérés, ma plage verra débarquer des poules aux oeufs d'or. Des poules assez débiles pour rêver de jours meilleurs sur la rive d'en face. Le nombre d'arrivées de Kartoum et Mogadiscio la semaine dernière m'a surpris. Je n'avais pas prévu qu'ils seraient tant à résister au Sahara ...
Belle lecture à tous ...