June - Emmanuelle de Boysson

Je vais vous présenter aujourd'hui "June" d'Emmanuelle de Boysson, publié chez Calmann Lévy.

J'ai retrouvé avec un grand plaisir la plume d'Emmanuelle de Boysson qui m'avait déjà fait vibrer avec "Je ne vis que pour toi", autres portraits de femmes libres des années folles. Grâce à June Mansfield, seconde femme et muse d'Henry Miller et Anaîs Nin, l'auteur raconte le New York de la prohibition et le Paris de l'entre-deux guerres avec vivacité, grâce à sa documentation précise et sa fluidité de style. Elle nous dévoile un pan majeur de l'histoire littéraire américaine en racontant par le prisme passionné et jaloux de June, l'éclosion des talents sulfureux d'Henri Miller et Anaîs Nin. C'est aussi une étonnante étude de caractère, celle d'une personnalité oubliée, romanesque, affabulatrice et torturée. Grâce au talent d'Emmanuelle de Boysson à introduire de la fiction tout en respectant les évènements historiques et l'intégrité des personnages principaux, je me suis totalement immergée pendant quelques heures dans cette intimité tourmentée. Pour les inconditionnels de l'oeuvre d'Henri Miller, ce livre, mi-roman et mi-récit biographique, est un voile qui se soulève sur cet élément essentiel du triangle amoureux que June forma avec Anaïs Nin et Henry Miller. "Henry n'est pas ce qu'il croit. Elle se sent déjà portée par une belle cause à défendre: faire naître l'écrivain". June aime jongler avec les mots, se perdre pour mieux rebondir, avec ce plaisir enfantin de broder des histoires improbables. Plus elle parle, plus Henry Miller est fasciné par cette conteuse extravagante.

Emmanuelle de Boysson reprend en exergue de "June" ces mots d'Henry Miller dans Tropique du Cancer :

" Je m'assieds à côté d'elle et elle parle - un déluge de paroles. Accents farouches et maladifs, d'hystérie, de perversion, de lèpre. Je n'entends pas un mot, parce qu'elle est belle, et que je l'aime, et maintenant je suis heureux et prêt à mourir "

Belle lecture à tous ...