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Passion Lyre
25 février 2020

Le répondeur - Luc Blanvillain

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Je vais vous présenter aujourd'hui "Le répondeur" de Luc Blanvillain, publié chez Quidam, magnifique maison d'édition, avec comme maîtres mots "L'insolite, le singulier. Des auteurs plutôt que des livres", sous le regard d'Arzach, dessin offert par Moebius pour en devenir l'emblème.

Quatrième de couverture : Baptiste sait l'art subtil de l'imitation. Il contrefait à la perfection certaines voix, en restitue l'âme, ressuscite celles qui se sont tues. Mais voilà, cela ne paie guère. Maigrement appointé par un théâtre associatif, il gâche son talent pour un quarteron de spectateurs distraits. Jusqu'au jour où l'aborde un homme assoiffé de silence. Pas n'importe quel homme. Jean Chozène. Un romancier célèbre et discret, mais assiégé par les importuns, les solliciteurs, les mondains, les fâcheux. Chozène a besoin de calme et de temps pour achever son texte le plus ambitieux, le plus intime. Aussi propose-t-il à Baptiste de devenir sa voix au téléphone. Pour ce faire, il lui confie sa vie, se défausse enfin de ses misérables secrets, se libère du réel pour se perdre à loisir dans l'écriture. C'est ainsi que Baptiste devient son répondeur. A leurs risques et périls.

Mon commentaire : Voici les premiers mots du "Répondeur" : " Baptiste soupira. Il avait encore massacré François Hollande." Il y a deux possibilités : soit vous  lisez ce livre au premier degré et vous suivez la vie d'un homme, artiste mal reconnu, qui hésite à sortir de sa zone de confort médiocre, soit vous rentrez immédiatement dans un second degré caustique et jouissif, et là, vous prenez au vol un wagon pour le grand huit. Luc Blanvillain décortique avec une aisance jubilatoire tous les travers de la nature humaine, plaçant son personnage principal, Baptiste, dans toutes les situations de la vie courante que nous pouvons connaître, mais avec un contexte extraordinaire. Prendre la voix de l'autre, s'imprégner de la vie de l'autre jusqu'à oublier qui est qui, au risque non seulement de passer à côté de sa propre vie, de ses propres choix, mais aussi et surtout de s'effacer, de perdre son essence ... Ce roman est une excellente analyse de cette propension qu'a l'homme contemporain à vivre ses rêves et ses ambitions au travers de l'autre, par procuration souvent, et de se retrancher derrière les réseaux sociaux comme pour se préserver de l'inconnu et de ses dangers probables. Parce qu'aujourd'hui, peut-être, le seul terrain qui reste à découvrir à l'homme est l'homme ?

Belle lecture à tous ...

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